CHAPITRE VI
C’est cela qu’ils voulaient !
Mais le temps passait, et il allait falloir maintenant faire écrouler ce tas de paquets, de toutes dimensions et de toutes formes qui animait les regards et attisait les curiosités. Placés de chaque côté de leur chef de troupe, Séverino et Jo avaient chacun une très longue liste à la main, et attendaient le moment d’officier, en distribuant tous ces paquets.
Le chef expliqua comment tous ces cadeaux avaient pu être réunis, grâce aux menus travaux des jeunes, et à la générosité de leurs parents, connaissances et amis. Chacun des invités allait recevoir ‘’ Son’’ cadeau, celui qui lui plairait parce qu’il allait, dans quelques secondes, le rendre plus heureux qu’il ne l’avait jamais été. Car Séverino avait terriblement bien observé, le bougre. Et le résultat de cette observation serait la joie qui allait éclater dans quelques minutes, sur les visages misérables de ceux qui, assis à terre, dévoraient maintenant à belles dents les sandwichs et les pâtisseries. Tour à tour, Séverino et Jo lisaient un nom de leur liste. L’heureux bénéficiaire recevait alors le présent choisi pour lui avec tant d’amour, le gage de la fraternité humaine, qui était la reine de la fête.
A l’issue de la fête, Django se retrouva avec la plus merveilleuse, la plus raffinée, la plus musicale des guitares, l’instrument dont il rêvait en secret, dont il jouait en rêve, sans oser penser qu’il en jouerait un jour, réellement.
Jeannot se vit doter d’un joli bureau en bois avec le fauteuil assorti, et où rien ne manquait pour lui faciliter le travail, crayons, papier, classeurs. Il y avait même un superbe porte-documents du plus beau cuir. Bref rien ne manquait pour soutenir et développer son immense envie d’apprendre et de savoir.
Bamako, le Noir nostalgique, reçut un portefeuilles contenant un billet d’avion, pour aller terminer la célébration de Noël au milieu des siens, ainsi, qu’une valise ‘’ Pour dans l’avion’’. Il en pleurait de joie.
Ali, l’Arabe, outre un tapis de prières tout neuf, reçut lui aussi un billet d’avion, et une valise. C’était pour aller faire le pèlerinage que doit faire tout bon Musulman, au moins une fois dans sa vie, dans la ville Sainte de la Mecque. Il allait pouvoir réaliser son rêve dans les mois et même dans les jours qui allaient suivre. Et il n’aurait pas à économiser un sou après l’autre en se privant bien du nécessaire.
Pour Raimundo, l’Andalou exilé là on ne sait pourquoi ni comment, on avait choisi un fantastique appareil DVD , des plus sophistiqués, avec une collection complète à souhait de musique Flamenco. Raimundo pourrait ainsi rêver pendant des heures au chaud soleil et aux jolies danseuses de son Andalousie natale.
Et ces disque avaient été livrés chez lui, et tout exprès pour lui.
Pour tous les petits footballeurs, tennismans et pongistes, il y avait un sac de sport rutilant et rebondi à souhait, car il contenait tout un équipement complet : short, maillots, chaussettes, chaussures . Seuls les accessoires étaient différents selon les sports. Chaque footballeur eut son ballon, chaque tennismans sa raquette et son lot de balles. Mais que contenait donc cette enveloppe blanche dûment cachetée, que chacun découvrait dans une poche du survêtement ? C’était tout bonnement une licence ( sur laquelle ne manquait que la photo et la signature) ainsi qu’une autorisation à utiliser quelques heures par semaine, les installations sportives municipales, et, pour toute l’année qui venait. Le terrain de foot de l’école accueillerait désormais les nouveaux licenciés. Des salles d’entraînement recevraient dès qu’ils le désireraient, tennismans et pongistes.
Dans son portefeuilles, Dédé le chômeur, venait de retrouver sa dignité d’homme grâce à un contrat de travail ferme et définitif. Il n’avait plus qu’à le signer. Son patron était dans l’assistance. Il vint faire connaissance de son futur employé et lui remettre son équipement, veste, combinaisons et pantalons ( aux insignes de la firme qui allait l’employer), et chaussures de sécurité.
La vieille Marie, frileuse et fatiguée au dernier degré, reçut un confortable fauteuil, des pantoufles fourrées, et un gros châle en laine des Pyrénées. Le froid pouvait venir, la chaleur, meilleure encore parce que, venant de l’amitié, l’environnerait toute désormais !
Quand aux marginaux, errants et détenus sortants, on leur remit à chacun une petite clé, ainsi qu’un solide ballot de linge et de vêtements. La clé était celle d’une chambre toute meublée, installée pour chacun dans les locaux d’une usine désaffectée. Et il y avait des locaux communs : salle à manger, salle de jeux, sanitaires, cuisines et salles de sports : bien qu’installés à la hâte, ils étaient déjà prêts à fonctionner. Les heureux propriétaires n’avaient plus qu’à en prendre possession. 

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