La grande peur de Tasha

C'est moi Tasha,

 

Il faut absolument que je te raconte ma journée du samedi, premier Septembre 2001

Ce jour là, Gérard dit à Thérèse : "Aujourd'hui on va rendre visite aux anciens maîtres de Tasha"
Elle répond : " Ouais (oui), mais ça ne me tente pas, je n'aime pas y aller. "
Gérard réplique : " On leur avait dit que l'année suivante on reviendrait pour la montrer. Et bien, ça y est l'année suivante ! "
" Tu avait dit ça toi, moi je n'ai rien dit ! Allez Tasha, vas faire pipi, on part en voyage" dit Thérèse

Je ne bouge pas, je ne sais pas ce que j'ai, mais je ne veux pas sortir. Pourquoi,  je ne sais pas.

Thérèse me caresse la tête et me dit à nouveau : "Vas faire pipi Tasha, on part en auto". D'habitude quand j'entends le mot auto,  je vais vite faire pipi et je reviens aussitôt pour partir en voiture, mais aujourd'hui c'est à contrecoeur que j'y vais.

Lui, (Gérard) je ne le "troste "pas (manière de dire que je ne lui fais pas confiance) ce petit hypocrite et je vais te raconter pourquoi

En mars dernier (j'avais  8 mois), à l'arrivée du printemps, alors qu' on ne pouvait plus jouer dans la neige car il n'y en avait plus, il m'a dit : "Viens faire un tour pour délier mes vieilles pattes, tu es une grande fille maintenant. Thérèse lui disait "Ne l'emmène surtout pas où tu emmenais Maggie, je ne veux absolument pas !

( Maggie, c'est la magnifique chienne qui vivait ici avant moi. Elle a vécu 12 ans avec eux, et je suis sure qu'ils l'aimaient énormément car ils ont eu beaucoup de peine quand elle est morte du cancer de l'intestin.)

Il lui répondit que non. On part tous les deux et le maudit petit hypocrite, il m'emmène juste là, où Thérèse ne voulait pas.

Il m'a montré un petit trou, et m'a dit : "Regarde, c'est par là que Maggie est partie une fois, et elle est seulement revenue 3 jours plus tard,
Moi je me suis dit qu'il est fou,  qu' il veut que je me sauve moi aussi; mais je ne me sauverai pas. Je vais le dire à Thérèse tout à l'heure !

Mais en arrivant à la maison, il l' a raconté lui même, et Thérèse, aïe, ouille, elle s'est mise à crier après lui et a dit qu'elle ne veut pas me perdre et qu' il n'a qu'à promener ses veilles pattes tout seul à l'avenir.
Mais lui a protesté en disant qu'il ne m'a pas détachée et qu'il ne me détacherai jamais...

Un autre jour, alors que Thérèse revenait de chez sa soeur, elle voit Gérard se promener à bicyclette et moi je suis attachée du côté droit de la poignée.  Elle a crié très fort : " Arrête, arrête ! ". Il lui a répondu  que je faisais de l'exercice. Mais elle reprend : " Tu veux la tuer, elle n'a que 1 an et ne pèse que 38 livres. Si tu veux maigrir toi,   et bien fais donc de l'exercice pour tes beaux petits bourrelets de 195 livres, toi tu peux en perdre, pas elle... "

Bon, je reviens à notre sortie en auto;  maintenant je suis grande, j'ai eu 1 an le 15 Juillet.  Je ne suis plus assise à l' avant, je suis maintenant à l' arrière et attachée avec la ceinture de sécurité. Ouach, je n'aime pas ça, mais c'est la loi ! 

Thérèse regarde vers moi et demande pourquoi je tremble ainsi. Elle ne comprend pas car c'est la première fois que je fais ça.
Moi je trouvais le temps long et je décide de me coucher : je ne dors que d'un oeil et l'autre reste grand ouvert. Je ne sais pas ce que j'ai, mais j'ai une petite peur. De quoi,  je ne sais pas...
Au bout d'une heure et demi de route, la voiture s'arrête et Gérard en descend. Thérèse me flatte tout en me détachant, et lui demande pourquoi je tremble encore. Il lui dit qu'il ne sait pas.

Moi, je sais car j'entends encore les mêmes gros aboiements comme lorsque j'étais encore petite. Je reconnais une voix, la même qui disait qu'il fallait que je sois euthanasiée. Maintenant  je tremble encore plus fort. L'homme s'approche de moi, me trouve belle mais bien trop petite.  Moi je me dis : " Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à dire que je suis petite, j'ai tout de même 1 an ! "

Soudain, il se met à crier après une femelle qui ne veut pas me voir : "Regarde ton rejeton qui est ici !" Mais elle ne me regarde pas. Moi je vois seulement une babine retroussée et les grosses dents quelle me montre. L'homme 
dit à Gérard que c'est ma mère mais qu' elle ne me reconnaît pas car cela fait tout de même 1 an qu'elle ne m'a pas vue, et de plus, elle a d'autres rejetons avec elle (tu parles ! rejeton moi qui suis élevée à la ville dans la ouate, et pour lit j'ai un divan et non de la paille toute sale). et là, je me colle à Thérèse parce que j'ai peur, une grande peur de rester là.

Deux gros chiens arrivent à présent et j'ai peur ! Que me veulent-il ? Ils font snif snif snif snif en me sentant partout, partout. L'homme précise : " Lui c'est son père, et l'autre à droite est l'un de ses frères ".  Ils étaient si énormes qu'ils fallait que je mette mes pattes sur Thérèse pour voir au moins le museau de celui qui était mon père. L'homme prend mon collier pour me voir de plus près et dit : "Elle a bien les yeux de sa mère: le droit bleu et le gauche brun, mais elle est loin d'avoir sa taille. Son frère était déjà aussi grand qu'elle à 6 mois ! "
Pendant qu'il me tenait par le collier j'ai eu si peur que je lui fis pipi dessus, et, pour la première fois, mes bons maîtres m'entendirent grogner. Je n'avais jamais grognée après personne auparavant.


Thérèse un peu gênée lui demanda de nous excuser mais qu'il était temps de partir. Dès qu'il lâcha mon collier j'ai couru à toute vitesse vers la voiture. Ma maîtresse m' ouvrit la portière arrière de l'auto, et je ne sais pas si tu le sais mais j'ai sauté si vite à l'intérieur que je suis arrivée la tête la première dans la portière, de l'autre coté de la banquette. Je me suis alors recroquevillée sur moi même afin que personne ne me touche plus.
L'homme dit qu'il est le temps à présent de préparer les traîneaux pour les randonnées d'hiver et il leur propose de les regarder. Elle a refusé en prétextant qu'il était déjà tard et qu'il fallait rentrer. Ouf, mon mauvais rêve se terminait enfin !

Gérard demande à son épouse de m'attacher mais elle n'y arriva pas tant je tremblais. Elle décida alors de réessayer à nouveau avant d'arriver sur l'autoroute et supplia : "Démarre vite, je veux partir d'ici. " ( c'est exactement ce que je voulais aussi ! )
Dans le sentier qui mène à la route, je me lève et  je lèche abondamment mes deux maîtres, car je suis folle de joie.

Je saute ensuite à l' avant sur Thérèse. Gérard ne comprend plus et arrête la voiture. Ma gentille maîtresse lui explique : " C'est son intuition qui la travaillait depuis que tu as dit qu'on allait chez ses anciens maîtres. "
A présent, je me laisse gentiment mettre ma ceinture de sécurité. Cela ne me dérange plus car j'ai entendu Gérard  dire qu'il espérait me garder au moins aussi longtemps que Maggie
. Thérèse voulut savoir pourquoi donc être venus ici et il lui répond que c'est uniquement pour voir la différence et c'est tout. Elle lui demanda alors de ne plus jamais y retourner.

Elle lui rappela encore de s'arrêter quelque part pour acheter des citrouilles pour l'Halloween. Moi j'étais aux anges car j'allais revenir chez moi. Alors je me suis tout simplement endormie et à mon réveil,
j'ai seulement remarqué les citrouilles achetées en chemin et surtout, surtout que j'étais enfin chez-moi, sur mon trottoir à moi, en ville, ma ville à moi, et avec mes maîtres, mes bons maîtres à moi !

Ici, ce sera bientôt le branle-bas de combat car, youppie, Halloween arrive à grands pas ! Cette année je vais pouvoir accompagner ma maîtresse quand elle ouvrira la porte aux petits monstres venus demander la charité. Je te raconterai cela le moment venu.

Thérèse F.

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