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En attendant Noël…

Bien que les rayons des magasins s’habillent déjà de ses couleurs dès la mi-octobre,
l’attente de Noël est une période merveilleuse et le fameux Père Noël de nos enfants
a bien du travail en perspective….

Dans mon enfance, on ne connaissait pas chez nous ce gros bonhomme
tout habillé de rouge avec sa grande barbe blanche.

Dans la plupart des régions de France, pour la Noël,
les familles allaient à la messe de minuit (dans la nuit du 24 au 25 décembre)
et le lendemain, le repas était un peu plus recherché que d’habitude
mais pas de grande fête et pas de cadeaux…
Par contre, le premier jour de l’an, c’était la distribution des étrennes.
 
Dans ma région du nord-est, c’était différent.
Il faut vous dire (au cas où vous ne le sauriez pas encore) que j’habite à quelques pas de l’Allemagne
et il était très fréquent que dans nos familles, l’un des parents était issu de l’autre côté de la frontière.
En
ce qui me concerne, mes deux grand-mères (paternelle et maternelle)
venaient du pays voisin alors que mes deux grands-pères étaient Français.
Tout cela pour vous dire qu’on nous élevait dans les deux traditions.

Justement, pour ce qui était de la période de Noël,
nous suivions les traditions venue d’outre Rhin.

L’après-midi du premier dimanche de l’Avent (4 dimanches avant Noël),
nous allumions la première bougie de notre couronne de l' Avent
et on chantait en famille des chants de Noël en mangeant de bons biscuits
spécialement préparés pour cette période.
Le dimanche suivant, c’était au tour de la deuxième et ainsi de suite
jusqu’à la quatrième qui était le dernier dimanche avant Noël.

Une autre tradition qu’on avait adoptée, était le calendrier de l’Avent.
On ouvrait la première porte le 1er décembre et une autre tous les jours jusqu’à la veille de Noël.
Dans ma petite enfance, elle ne contenait pas encore de petites figurines en chocolat
et encore moins de mini jouets,
mais simplement des extraits de chants de Noël ou des versets de la Bible.

Le 6 décembre, on fêtait la saint Nicolas, patron des enfants et de la Lorraine.
La
veille, le 5, après la tombée de la nuit, le saint homme et le père Fouettard
allaient de maison en maison visiter les enfants.
Saint Nicolas, avec sa grande barbe blanche, portait un long manteau rouge,
une mitre d’évêque sur la tête et une grande crosse à la main.
Le
père Fouettard, quand à lui, était un personnage très inquiétant
car vêtu de sombre avec sa trique et son grand sac.

 

Je me souviens encore avec quelle angoisse mes frères et moi attendions leur venue.
Il faut vous dire que nous n’étions pas vraiment des enfants modèles
ni toujours très sages hi hi hi et dès la nuit tombée,
on était déjà aux aguets en espérant un peu qu’ils allaient nous oublier pour une fois.

Mais non, soudain on sonnait à la porte... sauve qui peut, vite un endroit où se cacher…
Malheureusement, même sous le grand lit, ils finissaient toujours par nous trouver très rapidement
(je soupçonne papa et maman d’avoir vendu la mèche hi hi hi)
et hop, un coup de trique sur les fesses de la part du père Fouettard
pour nous apprendre à nous sauver…
Moi j’avais surtout peur du grand sac que le sinistre personnage portait sur le dos
car j’avais entendu dire qu’il y jetait les méchants enfants et les emmenait ensuite bien loin…

Après un bon sermon et promesse de notre part de rester bien sage dans le futur,
saint Nicolas nous offrait un petit sachet rempli de fruits, de noix et un pain d’épice
avec une grande image à son effigie collée au sucre dessus.


Quelques jours avant Noël, mes parents allaient acheter le sapin
que nous décorions ensuite de boules, de guirlandes et de bougies.
Il y avait même des petits oiseaux en verre teinté accrochés aux branches avec des clips.

Chez nous il n'y avait pas de Noël sans la crèche.
Mes parents possédaient de nombreux santons et au fil des années, la collection s'agrandissait.
Papa utilisait toujours une longue table avec les rallonges sorties.
Il la recouvrait de papier rocher, de copeaux de bois et de mousse qu'il avait séché
et créait des paysages tout en relief avec des montagnes, des lacs etc.
Il y ajoutait des bergers, des moutons, des tas de personnages et animaux dont le point commun
était la marche vers l'étable où se trouvait la sainte famille.
Le long de la route, il y avait des palmiers de plastique et plus tard, papa avait même ajouté de la lumière.
C'était absolument magique ! 

Mes frères et moi restions toujours les yeux ébahis devant cette magnifique réalisation
et  tous les ans on attendait le moment, en rentrant de l'école,
où papa allumerait l'électricité et que la crèche s'animerait....


Le 24 décembre, c’était enfin LE grand soir pour nous.
C’était à ce moment-là que nous déballions les cadeaux que « Kristkindl » nous apportait..


Kristkindl (qui vient de Germanie), curieusement, est une jeune fille aux cheveux longs
et pourtant elle symbolisait là-bas l’Enfant-Jésus.
Ses origines sont à la fois chrétiennes et païennes.
Je crois même que j'ai lu quelque part que cela vient un peu de sainte Lucie...

Les cadeaux reçus étaient modestes mais pour nous c’étaient les plus beaux du monde !

Le réveillon se terminait toujours par la messe de minuit et nous y allions donc en famille.
A l'église, un personnage à genou et de couleur noire était posé près de la crèche.
C'était là, dans une petite fente, que les fidèles mettaient leurs dons.
Mes parents nous donnaient toujours quelques pièces à y insérer et en signe de remerciement,
le fascinant personnage balançait la tête d'avant vers l'arrière..

 
Chez nous, la fête de Noël durait 2 jours : le 25 et le 26 décembre.
Contrairement au reste de la France, le 26 est jour férié en Alsace et en Moselle.
Donc nous profitions de ce fait pour aller un jour dans la famille de maman et l’autre dans celle de papa.

Une image de l'illustre patron de la Lorraine
qui était collée au sucre sur le dessus du pain d'épice.

Chez Manon © 2003