Début des années 60, les parcs d’attractions
n’existaient pas encore ici comme en Amérique et nous profitions donc de la
moindre animation dans notre petite ville pour nous amuser.
Septembre était déjà bien entamé quand avait lieu
la grande braderie de rentrée. C’était un grand marché qui s’étendait dans
toutes les rues de la ville. On y trouvait pratiquement de tout et à bon
prix. Ce qui m’émerveillait le plus, ce sont les marchands de râpes à légumes
hi hi hi. Avec quelle dextérité ces messieurs-dames nous
montraient comment râper des légumes crus de toutes sortes, à la main, et en
quatrième vitesse. Ensuite, grâce à quelques ustensiles ajoutés en
cadeau, ils créaient devant nous des plats de crudités aux décors digne d’un
roi. Je passais toujours de longs moments devant leur étal à les
écouter nous raconter leurs boniments de vendeur vedette !
Avec la fin septembre, arrivait le dimanche de la
Kirb (fête foraine), avec ses nombreux manèges aux lumières de toutes les
couleurs et aux sirènes tonitruantes. Pour nous les enfants c’était une des
grandes occasions de faire la fête et nous espérions que le temps ne tourne
surtout pas à la pluie pour nous gâcher l’après-midi. Pour mettre toutes les
chances de notre côté, nous priions avec encore plus de ferveur que
d’habitude.
Après le repas de midi, nous partions avec les
invités du jour en direction de la grande place du marché où régnait déjà
beaucoup d’animation. De loin et par-dessus les toits on apercevait déjà la
grande roue.
Arrivés sur la place, mes frères et moi tirions
nos parents vers les manèges des petits. L’un de mes préférés était celui
avec les petits bateaux qui tournent en rond avec de l'eau en dessous. Il
y avait aussi celui avec les voitures, motos et autobus, et chaque fois qu’on
réussissait à attraper le pompon, nous avions droit à un tour gratuit. Le
manège avec les petits avions qui montent et descendent me plaisait également
beaucoup et je crois bien que de nombreux enfants partageaient mon avis car
il y avait toujours une longue file d’attente pour y accéder.
Nous nous promenions une bonne partie de
l’après-midi entre les stands et les manèges en dégustant soit une pomme
d’amour, soit une barbe à papa. Les cacahuètes grillées et enrobées de
caramel étaient aussi une friandise très prisée hi hi hi.
En passant devant le stand de tir, on voyait les
hommes viser de leur fusil les pipes qui tournent en rond, puis nous nous
arrêtions encore devant celui où les forains proposent des billets de
loterie. Il y avait là de très nombreux lots à gagner et le premier
prix était une grande poupée avec une magnifique robe de dentelle et au joli
chapeau. Je rêvais tant de gagner une de ces poupées pour l’asseoir sur mon
lit, malheureusement pour moi cela ne s'est jamais réalisé !!!
Enfin de retour à la maison, on dégustait tous
ensemble le bon gâteau aux quetsches que maman avait préparé pour
l’occasion et l'après-midi se terminait entre rires et chants car
papa sortait alors son accordéon à bretelles... |