Retour

Dans les jardins...

Derrière les dépendances se trouvaient les entrées des longs jardins
eux aussi bien alignés et clôturés les uns à cotés des autres.

Papa avait construit avec des amis une sorte de grange sur un bout de notre terrain à l'entrée.
Les jouets d'extérieur y étaient rangés ainsi que les outils de jardin.
Elle servait la nuit et par mauvais temps aux divers animaux que nous possédions.

Nous avions des poules, des faisans, canards, lapins ainsi que des oiseaux qui, pour la plupart,
serviraient de nourriture en temps voulu et les poules nous procuraient en plus des oeufs frais.

Par beau temps on ouvrait les trappes pour laisser sortir les animaux
dans une partie de jardin grillagée et on les faisaient rentrer
 le soir ou par mauvais temps dans leurs logements protégés.

Nous avions également une pie qui répétait allègrement des injures proférées par grand-père.

A ce sujet je vais vous raconter une petite anecdote que j'ai entendu très souvent
de la bouche même de mes parents.

Dans chaque cité ouvrière, un homme en uniforme recevait les réclamations des habitants.
C'était le garde cité et il était parfois redouté de par sa fonction
car son travail consistait également, et autant que je m'en souvienne,
à signaler à ses supérieurs certaines choses pas très légales...

Bref, un jour que le garde cité passait dans un jardin voisin,
voilà que notre pie commença à sortir les injures qu'elle connaissait.
L'homme chercha du regard l'insolant qui osait ainsi s'en prendre à lui mais ne vit personne.
Et pourtant, à chaque pas, il entendait à nouveau les grossièretés,
rédigées à son encontre comme il l'imaginait.
Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'il repéra enfin la coupable
et d'un haussement d'épaule agacé il continua alors son chemin
sans plus faire attention au misérable volatile qui avait osé le mépriser de haut.
Hi hi hi quelqu'un avait tout vu et entendu depuis l'intérieur de la grange.....

Derrière les parcs pour les volatiles se trouvait le jardin proprement dit.
Mes parents y faisaient pousser tout ce qui était possible pour notre besoin journalier
mais aussi en vue de réaliser des conserves pour l'hiver.

Un jour j'ai voulu moi aussi un petit carré à semer et papa m'a aidé à le faire.
Malheureusement, lorsque les premières pousses sont sorties de terre,
je les ai confondues avec de la mauvaise herbe et j'ai tout arraché.

Depuis ce jour et même aujourd'hui encore je ne me suis plus jamais essayée au jardinage,
je laisse cela à d'autres ha ha ha....

A cette même époque, maman m'avait acheté une petite tortue terrestre au marché de la ville.
Je l'aimais tant ma petite tortue et je lui offrais de belles feuilles de salade,
mais un jour, elle m'a faussé compagnie et je ne l'ai plus jamais revue.

Sur les cordes, le linge séchait au vent et sentait bon.
On n'utilisait pas encore d'adoucissant et bien sût
le sèche linge électrique n'avait pas encore été inventé.

Je garde aussi de cette époque bénie,
le souvenir de liens très forts entre personnes de mêmes conditions.
Chacun restait chez soi mais lorsque quelqu'un avait besoin de bras pour aider,
les volontaires étaient nombreux.

Les après-midi où il faisait beau et qu'il n'y avait rien de spécial à faire,
on sortait des chaises derrière les maisons ou on s'asseyait sur les marches extérieures.
Les femmes tricotaient en discutant.
Les hommes bricolaient dans les dépendances et en sortaient parfois
pour déguster leur boisson favorite : la bière.

Tout le monde se connaissait et se saluait.
On s'inquiétait des gens que l'on ne voyait pas pendant un jour ou deux.

Des personnes de toutes nationalités
( j'ai lu quelque part, qu'il y avait une trentaine de nationalités différentes)
et de toutes religions qui ont trouvé du travail dans nos mines
se côtoyaient tous les jours dans le respect de chacun.
Les personnes âgées étaient respectées et représentaient même un exemple à suivre pour les jeunes.

On ne connaissait pas encore la drogue, ni la violence dans les écoles...

Chez Manon © 2004