Vendredi
18 janvier
Au moment où je commence cette petite
nouvelle,
pluie et rafales de vent sont au rendez-vous
sous le ciel de Lorraine
et pour vous donner une petite idée des températures,
il a fait environ 5° C en milieu d’après-midi.
Mardi
dernier, les températures étaient même montées
jusqu’à
12°C
et maman a constaté que les crocus apparaissent déjà dans le jardin.
Depuis quelques décennies, la neige est
devenue denrée rare
et quand elle a enfin décidé de blanchir
notre paysage (comme ce premier janvier
2004 ici),
elle ne tient qu’un jour ou deux avant de
disparaître comme elle était venue….
Les hivers de mon enfance étaient très différents. La neige était toujours au rendez-vous au fin fond de ma Lorraine et tenait au sol pendant des semaines à cause du froid glacial qui faisait aussi rosir nos petites joues.
Quand elle était tombée dans la nuit, quelle joie le matin de marcher sur le chemin de l’école en écoutant les cratch cratch assourdis que faisaient nos pas et lorsqu'on la voyait tourbillonner autour de nous, nous levions nos petits visages vers le ciel afin d’attraper quelques petits flocons sur le bout de la langue…
De novembre à février, le paysage hivernal était d’une blancheur immaculée et après l'école, tous les enfants, leur goûter englouti rapidement, sortaient s'amuser dans la neige...
J’habitais une rue en pente et elle était toujours noire de monde en fin d’après-midi. A cette époque, toutes les familles ne possédaient pas encore de voiture et les gens n’utilisaient leur véhicule que pour des raisons urgentes. Imaginez donc notre grande joie à jouer sur la route et dans la neige sans autre danger que de se retrouver sur les fesses hi hi hi.
Papa avait fabriqué lui-même nos luges en bois et nous entretenions le dessous en métal avec de la couenne de lard. Pour aller jouer dehors, maman nous mettait 2 ou 3 pull-overs, autant de pantalons et de chaussettes, un manteau, des moufles, une écharpe et un bonnet à pompon. Ainsi parés et avec de bonnes chaussures, nous pouvions braver le froid sans tomber malade.
Confections de bonhommes de neige, descentes en luges, glissades sur les rigoles gelées et batailles de boules de neige étaient notre quotidien pour notre plus grande joie !
Ce qui me faisait aussi rêver, c'était ces énormes stalactites de glace qui pendaient sous les toits des dépendances et si je réussissais à en attraper une et la casser pour la sucer, là c’était véritablement le paradis ha ha ha…
Après nos jeux, nous rentrions vite dans nos maisons et on se réchauffait alors les mains et les pieds devant la porte grande ouverte du four de la vieille cuisinière à charbon.
Le moment du coucher arrivé pour mes frères et moi, nous savions bien que nos parents sortiraient à leur tour faire une belle descente sous la lumière des réverbères.
A la fin de l’automne, dès la venue du grand froid, maman faisait cuire les marrons au four et nous les mettions dans nos poches pour les déguster et nous réchauffer les mains en même temps.
Je me souviens aussi d’un repas du soir que j’aimais particulièrement en hiver quand je restais chez ma grand-mère maternelle qui habitait à quelques maisons de nous. Elle prenait des pommes de terre cuites en robe de chambre qu’elle épluchait puis coupait en deux. Elle les posait ensuite sur le dessus de sa cuisinière à charbon et attendait qu’une croûte se forme à la surface. Nous mangions alors nos pommes de terre avec du beurre, du sel et un bon verre de lait. C'était un vrai régal !!!
En hiver,
nous fêtions aussi carnaval.
Comme en Allemagne, les festivités commençaient
le vendredi soir
et se terminaient le matin du Mercredi des
Cendres.
Il y avait des bals costumés tous les soirs pour
les adultes.
Le mardi gras, veille du début du Carême,
les enfants se déguisaient et allaient de
maisons en maisons
chanter un petit air en échange de bons
beignets
(sorte de pâte sucrée découpée en losanges
et frite dans de l'huile)… |