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Les cloches sont parties à Rome !

A l’heure où je commence cette première chronique, les enfants de notre région
sont encore en vacances de printemps...
Dans mon enfance, cela s'appelait les vacances de Pâques !

Pour beaucoup d'enfants, même baptisés, Pâques se résume de nos jours
à la venue du lapin qui apporte des chocolats et
(de plus en plus) des jouets....

Quand nous étions petits on nous racontait également cette jolie histoire de lapin,
mais nos parents nous enseignaient aussi la vraie signification de cette fête.

Dans mon enfance, toute la famille allait ensemble à la messe de la Résurrection
et les adultes observaient le jeûne les jours prescrits,
c'est à dire le Mercredi des cendres ainsi que le Vendredi Saint.

Cette grande fête de Pâques se préparait à l'avance et pendant la Semaine Sainte
il s'en passait des choses...

Le soir du Jeudi Saint, après la messe dans laquelle le prêtre lavait les pieds
des enfants de chœur (les servants de messe),
toutes les cloches des églises se taisaient jusqu’au Gloria de la grande Célébration de la nuit pascale.

Quand nous demandions à nos parents pourquoi les cloches ne sonnent plus,,
ils répondaient avec un grand sourire : « Elles sont parties à Rome ! »
Nous, les enfants, on regardait bien le ciel, pendant ce qui nous paraissait alors une éternité,
mais en vain, pas une seule petite cloche à l’horizon !

Les cloches muettes, les crécelleurs  les ont remplacées et ceux-là étaient bien visibles,
mais surtout très bruyants. On entendait déjà de loin leurs chants entrecoupés des crrrrrrrrrr
que faisaient les crécelles.
Oh oui, ils tournaient la manivelle de toute leur force et surtout de bon cœur
afin de faire le plus de bruit possible ha ha ha !

A l'époque, ce petit défilé était uniquement composé de garçons.
C'était les enfants de chœur de notre paroisse qui, aussitôt la Célébration à l'église terminée,
partaient arpenter les trottoirs de la cité.
Il y en avait de tous âges et le premier soir ils souhaitaient "bonne nuit" en chantant dans notre patois local.
Le lendemain, Vendredi Saint, nous avions droit à trois visites :
l'annonce de l’angélus du matin, celle du Chemin de Croix et enfin l’angélus du soir.

Le Samedi Saint, après l’annonce de l’angélus du matin, les jeunes revenaient à nouveau dans les rues
en tirant une grande charrette de bois qu’ils avaient décorée auparavant.
Ils sonnaient à toutes les portes en faisant à nouveau entendre les crrrrrrrrrrrrrrr stridents
et il était de tradition de leur donner soit des œufs, des bonbons ou encore quelques petites pièces…


Les mamans avaient l’habitude de cuire des œufs et de les colorer en secret.
Moi je n’ai jamais compris quand la mienne a pu faire tout cela car entre les offices religieux, le ménage, les achats,
la préparation du repas pascal, le bon gâteau et les petits secrets, elle en avait du pain sur la planche hi hi hi !

Et pourtant, le matin de Pâques venu, tout était fin prêt pour la fête.
Quand il faisait beau, les œufs et autres petites friandises étaient cachés dans le jardin.
Mes deux frères et moi allions alors à la chasse avec notre petit panier
et nous étions bien déterminés à en trouver le plus possible.

Pour l’occasion, nous avions revêtu les habits neufs du dimanche que maman avait achetés.
Eh oui, nous portions les anciens vêtements uniquement la semaine,
et les neufs le dimanche...

Heureux comme des rois avec nos paniers remplis, nous attendions avec impatience
le moment de déguster le bon repas que nous mangions en famille
ainsi que le gâteau qui nous attendait ensuite pour le café.

Chez Manon © 2003