Vois ce
fruit, chaque jour plus tiède
et plus vermeil,
Se gonfler doucement aux
regards du soleil !
Sa sève, à chaque instant
plus riche et plus féconde,
L'emplit, on le dirait, de
volupté profonde.
Sous les feux d'un soleil
invisible et puissant,
Notre cœur est semblable à
ce fruit mûrissant.
De sucs plus abondants
chaque jour il enivre,
Et, maintenant mûri, il est
heureux de vivre.
L'automne vient : le fruit
se vide et va tomber,
Mais sa gaine est vivante et
demande à germer.
L'âge arrive, le cœur se
referme en silence,
Mais, pour l'été promis,
il garde sa semence.
Ondine
VALMORE |