Tout conjugue le verbe aimer. Voici les
roses. Je ne suis pas en train de parler
d'autres choses. Premier mai ! l'amour gai,
triste, brûlant, jaloux, Fait soupirer les
bois, les nids, les fleurs, les loups
; L'arbre où j'ai, l'autre automne, écrit une
devise, La redit pour son compte et croit
qu'il l'improvise ; Les vieux antres pensifs,
dont rit le geai moqueur, Clignent leurs gros
sourcils et font la bouche en coeur
; L'atmosphère, embaumée et tendre, semble
pleine Des déclarations qu'au Printemps fait
la plaine, Et que l'herbe amoureuse adresse
au ciel charmant. A chaque pas du jour dans
le bleu firmament, La campagne éperdue, et
toujours plus éprise, Prodigue les senteurs,
et dans la tiède brise Envoie au renouveau
ses baisers odorants ; Tous ses bouquets,
azurs, carmins, pourpres, safrans, Dont
l'haleine s'envole en murmurant : Je t'aime
! Sur le ravin, l'étang, le pré, le sillon
même, Font des taches partout de toutes les
couleurs ; Et, donnant les parfums, elle a
gardé les fleurs ; Comme si ses soupirs et
ses tendres missives Au mois de mai, qui rit
dans les branches lascives, Et tous les
billets doux de son amour bavard, Avaient
laissé leur trace aux pages du buvard ! Les
oiseaux dans les bois, molles voix
étouffées, Chantent des triolets et des
rondeaux aux fées ; Tout semble confier à
l'ombre un doux secret ; Tout aime, et tout
l'avoue à voix basse ; on dirait Qu'au nord,
au sud brûlant, au couchant, à l'aurore, La
haie en fleur, le lierre et la source
sonore, Les monts, les champs, les lacs et
les chênes mouvants, Répètent un quatrain
fait par les quatre
vents.
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